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Nathalie Girerd collage surréaliste

Ce dont sont faits mes rêves

  Je devais avoir 6 ou 7 ans lorsque j’ai découvert le surréalisme en passant des heures à feuilleter un livre sur Paul Éluard. À partir de 12 ans, la science-fiction – romans, séries télévisées, films et illustrations – a tellement nourri mon imaginaire que j’ai eu très vite envie de créer mes propres paysages. Hélas, malgré de nombreuses tentatives, je restais désespérément nulle en dessin ! Le collage est donc pour moi la meilleure façon d’exprimer l’univers poétique et onirique que j’ai dans la tête.

  Les collages que je présente sont réalisés à partir d’images découpées dans des livres et des magazines et ne font l’objet d’aucune retouche informatique, ce qui explique leur aspect artisanal.

  J’en profite pour remercier ici les artistes, connus ou non, dont les œuvres me permettent de composer et donner vie à mes images rêvées.

  Enfin, je remercie tout particulièrement Lucien Rudaux et Ray Bradbury : leurs livres sont pour moi une constante source d’inspiration.

​Un irréalisme harmonieux

   Il est fréquent de voir les collages être qualifiés, sans distinction, de surréalistes. Comme si cet art peinait à s’émanciper du précepte forgé malgré lui par le comte de Lautréamont dans Les Chants de Maldoror (1869), précepte dont les surréalistes firent plus tard leur étendard : « Beau comme une rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie. » Pour André Breton et ses disciples, est « beau » le rapprochement d’éléments disparates, sans lien logique ; ainsi la conscience, censurée par la raison et inapte de ce fait à provoquer l’étincelle poétique naissant des rencontres imprévues, est-elle écartée du processus de création.

   

   Nathalie Girerd, dont l’imaginaire a très tôt été nourri par les œuvres surréalistes, chemine comme à côté de ce sillon. La raison joue un rôle moteur dans son travail. C’est que la collagiste est guidée par la volonté de recréer une image vraisemblable quoique impossible. Les images ici montrées nous paraissent presque familières, presque sensées. Elles feraient penser aux scènes d’un rêve dont on se souvient au lever et dont on se dit, à la fois troublé et en terrain connu : « C’était tellement réaliste ! » Il suffit toutefois de chercher à raconter le rêve en question pour comprendre que ce réalisme-là relève d’un irréalisme difficilement exprimable. Si l’on y retrouve en effet une partie de nos codes et repères, comment ne pas constater que le récit auquel cet irréalisme nous confronte s’effiloche rapidement pour se perdre dans le mutisme ?

   

   Les images de Nathalie se situent en amont de ce mutisme. Elles estompent la découpure, lissent le décousu. Elles ne cherchent pas coûte que coûte l’étincelle, à moins que l’harmonie en soit une à sa façon.

      Laurent Girerd

Sur les autres mondes

 

   Réalisés à partir de photographies récupérées dans des livres et des magazines, les collages que je présente sont des vues recomposées de mondes qui n’existent pas, mondes vraisemblables mais impossibles. J’aime harmoniser les couleurs pour construire des paysages inventés, choisir un personnage d’une autre époque et le placer dans un moment de son improbable histoire. Je crée ainsi des images donnant l’illusion de véritables photographies prises dans des endroits que l’on ne visite qu’en rêve.

   Le titre choisi pour l’exposition est un emprunt à Lucien Rudaux (1874-1947), auteur de Sur les autres mondes, ouvrage de vulgarisation astronomique paru chez Larousse en 1937. Rudaux a lui-même illustré ce livre de magnifiques dessins de paysages d’autres planètes que la Terre. Imaginées à partir des connaissances scientifiques de l’époque, ses vues d’artiste ont inspiré mes voyages imaginaires.

   Mes collages sont uniquement faits de papiers découpés et superposés, dans la tradition du collage classique.

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